La réflexion, la sagesse et la surprise
La veille, à l’arrivée à Newquay, nous avions échangé avec les pilotes locaux au sujet des difficultés propres au terrain des îles Scilly. Une piste de 695m. Avec le « 180CV » ça passe. Le souci est que la piste est bombée. Ça nécessite de bien travailler l’arrondi, sans arriver trop vite car ensuite la piste redescend. Du coup, il n’y a rien de trop en termes de longueur. Les mêmes locaux nous disent qu’en général, la première fois, on atterrit aux Scilly avec un instructeur en faisant une approche interrompue pour voir comment cela se présente et ce n’est qu’à la seconde approche que l’on atterrit. Ces différentes informations nous amènent à avoir un moment de réflexion entre nous trois pour peser les pour et contre. Les « pour » : se poser sur le terrain de St Mary est un challenge assez sympa à relever. Cela nous permettrait de visiter l’île, d’y déjeuner. Pour une fois, la météo est parfaite pour s’y rendre ce qui est peu souvent le cas, c’est une occasion à saisir. Les « contre », l’île principale est tout de même très petite, nous en aurons vite fait le tour. Si nous « plantons » l’avion là-bas, loin de tout, cela va être compliqué pour les réparations, le rapatriement. Au bout de 30 mn d’échange, la sagesse l’emporte. Nous survolerons les « Scilly » sans nous y poser, avant d’aller sur l’île de Wight.
A partir de là, plus besoin que l’avion soit allégé pour atterrir, décoller d’une piste courte. Nous faisons le plein d’essence. Décollage vers les « Scilly ». Arrivée à la pointe de la Cornouailles nous prenons la « Northern Route R252 LND ». C’est une route pour les trafic VFR de tourisme, comme nous, qui permet de ne pas interférer avec les vols commerciaux volant entre Land’s End et St Mary . Nous approchons des îles à 2500 ft (830 m). Ça va faire haut pour prendre de belles photos, mais nous ne sommes pas autorisés à descendre beaucoup plus bas. Quelques minutes plus tard, les îles sont là, sur notre gauche. Nous demandons à la contrôleuse l’autorisation pour faire un tour des îles et là, bonne surprise, ça réponse est « Vous êtes autorisés. Si vous voulez descendre à 1500ft (500m) vous pouvez ». Autant vous dire que nous ne nous faisons pas prier. Tout ce qui peut prendre des photos dans l’avion est mis à contribution et on s’en met plein les yeux. Le paysage est magnifique. Les îles et îlots, recouverts de verdure et de quelques maisons. Les plages, l’eau bleue. Tout ceci sous un soleil d’été dans un ciel sans nuage. Sur le chemin du retour, la contrôleuse nous demande : « Avez-vous réussi à faire de belles photos ? » Et c’est avec un grand plaisir que nous lui répondons « Yesssss, Madame ».
Maintenant nous volons à destination de l’île de Wight, plus précisément du terrain de Sandown. La côte sud de l’Angleterre défile sous l’avion. Seul imprévu, il nous est demandé de changer de fréquence pour passer avec un organisme de contrôle militaire. La fréquence n’apparait sur aucune carte. Aucune info dans les bases d’infos stockées dans nos Ipads. Nous ne savons pas avec qui nous sommes en contact. Le principal est qu’il ne nous interdise pas de passer.
Nous abordons l’île de Wight par la pointe des Needles et prenons la direction de « Sandown ». Terrain en herbe pour lequel il n’est pas nécessaire de demander une autorisation préalable (PPR) avant d’atterrir. C’est suffisamment rare en Angleterre pour le souligner. Bien évidemment nous ne sommes pas les seuls à nous rendre sur ce terrain prisé du sud de l’Angleterre. A la radio, ça se bouscule. Franck, à la radio, habitué à ce genre de situation finit par comprendre que ce sera une intégration standard, c’est-à-dire en passant par la verticale du terrain ». En bas, un avion qui décolle, un en tour de piste, derrière nous 3 autres qui arrivent. Ouah ! C’est chaud ! Pas le moment de faire un écart quant à l’altitude du tour de piste et pas trop de 3 dans le cockpit pour surveiller les avions à proximité. Nous voilà en finale pour atterrir. Devant nous une grande bande d’herbe pas très bien tondue. Les balises délimitant la piste ? Bof, elles sont à peine visibles parmi les touffes d’herbe. L’atterrissage se fera au milieu, là où il y a le plus de traces de roulage. Les roues de l’avion touchent le sol mais ce n’est pas fini. La piste ressemble à un champ à vaches avec des creux, des bosses. L’avion bringuebale dans tous les sens avant de ralentir. Sportif l’atterrissage ! Tout compte-fait cela aurait peut-être été plus facile d’atterrir aux Scilly ! Rapide visite de la station balnéaire de Shanklin et nous partons pour Shoreham, à côté de Brighton, ville où nous passerons la nuit.
A bientôt pour l’épisode suivant…