Le contournement de Londres, arrivée à Liverpool
8h00 tous les membres d’équipage sont présents au CASA. Nous allons maintenant vivre ensemble non-stop pendant 5 jours. L’Angleterre ne faisant pas partie de l’espace Schengen, nous devons passer par un aéroport disposant d’un service de Douanes. Aujourd’hui, ce sera le Touquet. Pas besoin de se presser. Les prévisions météo annoncent des nuages bas jusqu’à 12h. C’est tranquillement, mais concentrés que nous enchainons : vérification de l’avion (alias pré vol), vérification du matériel à emporter (huile, entonnoir, purge, lave-vitre, essuie-tout, gilets de sauvetage, corde, bouteille vide…), puis chargement des bagages dans la soute. Maintenant, il s’agit de cordonner l’heure de dépôt du plan de vol (obligatoire car nous avons un franchissement de frontière entre Le Touquet et Liverpool, auquel s’ajoute un survol maritime), l’envoi au service anglais de Douanes de nos numéros de passeport et autres infos, via le formulaire GAR, la demande d’autorisation à Liverpool pour se poser sur leur terrain. Pas simple, car tous demandent une heure d’arrivée et on ne sait toujours pas à quelle heure on part de Saint André en raison des nuages bas au Touquet. Alors on attend. Un pilote arrive. Puis une famille pour un vol « BIA » avec Bernadette, puis Bernadette. Cela fait 2 heures que l’on attend au soleil alors qu’au Touquet c’est toujours bâché. 10h30 toute petite amélioration au Touquet. Un coup le METAR indique quelques trouées dans les nuages (BKN), un coup c’est complètement couvert (OVC) à 1400 ft (460 m). A Rouen pas de soucis. Nous décidons de partir, au mieux nous parvenons au Touquet, au pire nous revenons nous poser à Saint André. Nous calculons de suite l’heure d’arrivée au Touquet, l’heure de départ pour Liverpool et l’heure d’arrivée en prévoyant de la marge lors du stop au Touquet. En quelques minutes les documents obligatoires sont transmis aux services adéquates.
Mise en route, décollage. Niko maitrise bien le 180 CV qu’il a découvert il y a quelques jours. Les choses sérieuses commencent vers Neufchâtel. La couche de nuage est présente, mais nous voyons le sol dans les trouées. Nicolas conseille de monter à 3500 ft pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Il y a toujours des trouées devant. Ça va. Nous continuons. La météo au Touquet : 1400 ft BKN. Un tour de piste à 1000 ft. Bof ! Faisable, mais pas non plus l’extase. Maintenant la question est : où passer sous la couche ? Soit nous restons en dessus jusqu’au Touquet en espérant trouver à destination une trouée assez large, soit nous prenons la première trouée sur notre chemin et continuons le long de la côte à 1300 ft. Nous prenons cette seconde option et arrivons sans souci à LFAT.
Posés au Touquet, le plein d’essence fait, nos passeports présentés aux douaniers et la taxe d’atterrissage payée, nous pique-niquons dans l’aérogare. Premier moment de détente que nous mettons à profit pour faire un point « météo » et passer acheter une carte aéronautique de l’Irlande au magasin Opale Aéro Services où nous avons été très bien accueillis.
13h00 : Les gilets de sauvetage sont enfilés pour le survol de la Manche. Décollage. Franck aux commandes, Nicolas à la radio, transpondeur, GPS. Le Cap Gris nez est atteint en quelques minutes et nous virons sur la gauche, direction Folkestone. « Lille Info » nous libère. Nous appelons « London Information » et … pas de réponse. Pourtant, nous sommes à 3 500 ft (1 160m) d’altitude les côtes anglaises sont en vue. La radio serait-elle soudainement tombée en panne ? Non, pas du tout. Les anglais n’ont pas fait l’effort d’installer des émetteurs radio assez puissants de ce côté de la Manche. Franck, habitué du fait, conseil à Nicolas, d’attendre d’être à 2mn de la côte avant de faire une nouvelle tentative. Bingo ! Cette fois-ci, nous échangeons avec « London Information » et obtenons le fameux « Basic Service, Squawk 1177, mode « Charlie ». Qu’est-ce donc ce « Basic Service » ? Simple, Basique, okay (cf chanson d’Orelsan) : c’est un service qui vous donne un code transpondeur. Basique. Ils ne savent pas où vous êtes. Simple. Ils n’annoncent pas les trafics à proximité, pour cela il faut demander le « Trafic service » Basique. Mais « Londres Info » n’assure pas le « Trafic Service ». Simple. Ils ne vous demandent pas de changer de fréquence en sortie de zone, c’est à vous de demander. Basique. Toujours pas trouver à quoi ils servent réellement. Simple.
Autre joyeuseté du coin : le contournement de Londres. Vous devez éviter 4 aéroport Southend, London City, London Stansted, London Lutton. En passant de VOR en VOR, (balise radio) en restant dans un couloir qui par endroit ne fait pas plus de 10km de large, sans pouvoir monter au-delà de 2500 ft sinon vous rentrez dans la zone réservée aux avions de lignes. Avec les outils modernes d’aujourd’hui comme le GPS, l’Ipad et sa « moving carte » c’est fait sans trop de difficulté. Le souci, c’est que vous n’êtes pas le seul dans cet espace réduit et plusieurs avions nous croisent à quelques centaines de mètres. Pas très rassurant. Nous ne sommes pas trop de trois pour assurer la sécurité en regardant en permanence dehors.
La suite du vol est relativement calme. L’arrivée à John-Lennon Airport se fait sans encombre. Nous prenons le train pour nous rendre en centre-ville et faire un peu de tourisme. Les quais qui bordent la Mersey ont été rénovés. Il y est agréable de s’y promener au soleil couchant, avec un passage obligé : les statues des Beatles. Pas le temps d’aller faire un tour à Penny Lane. Dommage. Mais il est déjà tard et demain nous devons être forme si nous voulons aller en Irlande ou en Écosse.
A bientôt pour l’épisode suivant…