Jour 4 : Bolzano – Lausanne
Aujourd’hui, nous affrontons la plus ambitieuse étape de notre voyage, en passant en Suisse par le col du Simplon, entouré de montagnes culminant entre 3000 et 4000 mètres. Dès le matin, un coup d’œil à la météo révèle que l’entrée dans la vallée Divedro pourrait être difficile. Nous consultons le site météorologique suisse, qui, grâce à ses GAFOR, nous indique l’état de chaque vallée : vert pour ouvert, jaune pour limite, rouge pour impraticable.
Pour l’instant, la région des grands lacs italiens est en orange, mais le col du Simplon est en vert. Par précaution, nous préparons un plan B pour dévier vers Cannes, sur la Côte d’Azur. Deux options, deux ambiances… La plaine du Po ne présente pas de difficultés majeures, mais une zone restreinte pourrait être atteinte plus rapidement qu’on ne l pense, donc nous étudions cette alternative. Le point de décision sera pris en survolant le lac Majeur.
Nous empaquetons une fois de plus nos affaires et partons pour l’aéroport. Lors du passage au contrôle de sécurité, nous glanons une pomme, mais un couteau suisse appartenant à Franck, chargé de valeur sentimentale, est bloqué. Bien que nous proposions de le faire envoyer par la poste ou de nous faire accompagner jusqu’à l’avion, il doit rester en Italie, où porter un couteau est interdit, même dans la rue.
À ce moment, l’esprit d’équipe est crucial, car il faut se remobiliser pour la phase technique de la journée. Nous en reparlerons ce soir, mais pour l’instant, il est temps de décoller.
Sous une météo clémente, nous quittons la vallée pour Trente. Le lac de Garde apparaît rapidement, suivi de la plaine du Po et de Milan. On aimerait tant que cette météo se maintienne jusqu’à notre destination, mais nous approchons rapidement du point de décision.
Sur notre droite, les sommets se couvrent de nuages. L’accès au lac de Côme est très difficile, et celui au lac de Lugano, impossible. Nous devons tout de même monter après avoir quitté les zones de Milan. Le relief réapparaît, contrastant nettement avec la plaine du Po que nous avons laissée derrière nous.
Nous progressons dans la vallée, décidant de continuer tout en montant lentement. Les nuages couvrent les sommets, mais la vallée reste visible. À mesure que nous montons, la météo s’améliore. Le passage du col du Simplon à 10 000 pieds est grandiose!
Quelques mots ne suffisent pas pour décrire l’impression ressentie : on se sent infiniment petit face à ces géants de roche, encore coiffés de neige par endroits. Le Mont Blanc semble presque à portée d’aile, et les glaciers, figés comme des torrents gelés sur place, ajoutent à la majesté du paysage. Des refuges isolés apparaissent comme des oasis au milieu de ces immensités hostiles mais splendides. Il est certain que ces moments marquent le Sommet de notre périple alpin.
Au passage du col, nous entrons en Suisse. Milan Information nous transfère à Genève Information, et c’est la première fois en quatre jours que nous entendons parler français.
Plusieurs centaines de mètres sous nos pieds, nous suivons le Rhône jusqu’au lac Léman,en contournant les zones de l’aéroport de Sion.
L’immensité du lac Léman est à couper le souffle. S’étendant sur 58 000 hectares, c’est la plus grande réserve d’eau douce en Europe. Le spectacle se poursuit, avec d’un côté les montagnes et de l’autre le lac, effaçant tout relief.
En vue de Lausanne, nous passons en auto-information pour nous intégrer au circuit d’approche. Nous atterrissons sur la piste 18, en pente, orientée vers le lac. L’inclinaison de la piste modifie notre perception à l’approche, nous donnant l’impression d’être trop bas, mais nous touchons le sol sans encombre dans le quatrième et dernier pays de notre périple. La boucle est bouclée.
Il fait beau en Suisse, et l’atmosphère est sereine. Cette fois, la taxe se règle en francs suisses (1 CHF = 1,05 EUR). Le montant est élevé, mais le croque-monsieur commandé à 14h au bar de l’aéroport l’est encore plus… 7 CHF (7,35 EUR) ! Pas de doute, nous sommes bien en Suisse.
En quelques clics, nous réservons une chambre près de la cathédrale de Lausanne, accessible directement depuis l’aérodrome en bus. Le relief semblait effacé vu du ciel, mais une fois à pied avec nos sacs, les dernières centaines de mètres jusqu’à l’hôtel demandent un bon cardio.
Nous avons chaud, et la chambre n’est équipée que d’un ventilateur. En Suisse, les questions environnementales sont prises très au sérieux, et certains cantons interdisent l’utilisation de la climatisation, sauf cas spécifiques. Nous nous contentons d’ouvrir la fenêtre, en acceptant le bruit de la rue.
L’hôtel nous offre un pass gratuit de 24h pour les transports en commun, ce qui est toujours appréciable, surtout en Suisse. Nous déambulons ensuite en direction du lac.
Ces dernières images de notre aventure, avec les plages et quelques bars le long de cet immense plan d’eau, marquent la fin du voyage. Nous choisissons de dîner en ville, dans un excellent restaurant italien, le Cipollino, où le service est aux petits soins.
La soirée se termine par une balade dans les rues commerçantes environnantes, avant de regagner notre chambre pour prolonger un peu ce rêve, avant le retour à la réalité.